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Arachnophobes s’abstenir …

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Photos L. Krypiec. Article encore en cours de rédaction

Petite galerie de nos amies à huit pattes les plus communes.

A noter que si l’on ne choisit pas d’être phobique, les idées reçues communément répandues au sujet des araignées sont en revanche totalement injustifiées. Non, aucune araignée n’ira s’aventurer dans votre bouche pendant votre sommeil et non, les deux petits points rouges sur votre peau ne signifient pas que vous avez été mordu par une araignée… Ce genre de marque peut être l’oeuvre d’un tas d’autres bestioles ! Elles ne mordent que très rarement et ne provoquent, dans le pire des cas, que de vagues démangeaisons (sauf réaction allergique…). De nombreuses espèces ne disposent même pas de crochets assez longs pour percer notre peau. Pour l’avoir testé, je peux vous assurer qu’il est plus douloureux de se faire mordre par une grande sauterelle verte que par une araignée de nos régions.

Les épeires :

Elles font partie des araignées les plus fréquemment rencontrées dans nos jardins. Certaines sont minuscules, ne dépassant par les 8/9 mm (épeires concombre et à bosses). Les épeires sont très mal à l’aise lorsqu’elles se meuvent ailleurs que sur leur toile. Elles sont visibles assez tardivement dans l’année, généralement de juin à septembre.

Les toiles sont entretenues très régulièrement, et disposent d’une partie centrale non collante où se poste l’araignée. La reproduction est délicate, les mâles étant deux à trois fois plus petits que les femelles, qui ne sont réceptives que quelques jours durant l’année.

Les coureuses :

De nombreuses araignées n’utilisent pas de toile pour chasser. Certaines préfèrent poursuivre leurs proies au sol. La soie peut être utilisée pour la reproduction (toile protectrice autour du cocon d’oeufs). Parmi ces habiles chasseresses, on trouve notamment la pisaure admirable, une espèce connue pour ses moeurs nuptiales. Le mâle de pisaure offre un “cadeau de noce” (une proie emballée dans de la soie) à sa partenaire, qu’il trompe parfois avec un paquet vide lorsqu’il n’a pas envie de se fatiguer outre mesure… La pisaure est dite “admirable” car la femelle veille sur ses oeufs et continue de défendre sa progéniture après l’éclosion. On retrouve parfois cette attention maternelle chez les araignées – loup (lycoses et pardoses) qui chassent notamment dans la litière forestière ; les femelles de certaines espèces portent leurs petits sur leur dos.

La micrommate émeraude est une belle araignée verte que l’on retrouve généralement en forêt, dans les zones assez humides avec un couvert herbacé très dense (clairières d’affouages, tapis de muguet, etc), parfois dans la canopée. Elle fréquente aussi les hautes herbes des talus en milieu plus ouvert. L’abdomen du mâle est jaune et rougeâtre. Une espèce proche et plus rare dans nos régions, la micrommate à chaussettes, se distingue de sa cousine par l’extrémité plus sombre de ses pattes (critère peu fiable) et surtout par le point noir qui orne son céphalothorax (juste au dessus de l’abdomen).

Dans nos maisons ou nos jardins, sur les murets de pierre… il n’est pas rare d’observer une petite araignée de forme compacte, avec de grands yeux, sautiller. Ces “araignées sauteuses” sont réputées pour leur intelligence, leur excellente vision et leur appréciation des distances. De nombreuses espèces exotiques sont élevées comme animaux “de compagnie”.

Fait étonnant, certaines araignées sauteuses présentent un certain degré de myrmécomorphisme. Leur corps ressemble à celui d’une fourmi (cf dernière photo). Car pour un éventuel prédateur, une fourmi de quelques millimètres est plus dissuasive qu’une araignée de même taille. Il s’agit là d’un cas de mimétisme batésien.

Les thomises :

Aussi appelée “araignée crabe”, le thomise chasse les insectes à l’affût avec ses longues pattes avant, posté sur une feuille ou une fleur ou une feuille. Il en existe une multitude d’espèces. L’une des plus communes, le thomise variable peut être blanche, brune, verte, jaune… car il est capable de mimer la couleur de son environnement immédiat pour un meilleur camouflage. Moins fréquente, le thomise enflé lui ressemble beaucoup, mais dispose d’une paire de bosses sur son abdomen et fréquente des milieux plus secs.

Le thomise à trois taches se reconnaît facilement a ses… trois taches sombres sur son abdomen, mais la tache centrale est parfois absente. Les pattes avant du mâle sont brunes, vertes chez la femelle. Il semble plus fréquent à proximité relative des cours d’eau.

Le thomise tricolore fait partie des plus petites araignées crabes. Tout comme le thomise variable, sa coloration peut varier en fonction de son environnement.

Les thomises du genre Ozyptila ne se montrent presque jamais en journée : ils restent cachés à la base de la végétation (on en trouve beaucoup entre les feuilles des orchidées de prairie).

La thomise Napoléon, moins abondante que les précédentes, est ainsi nommée car le motif sombre de son abdomen rappelle la forme d’un buste de l’Empereur, avec son fameux bicorne…

Terreurs des insectes butineurs, leur appétit n’est pas proportionnel à leur taille, un thomise de moins de 2cm est tout à fait capable de s’en prendre à une abeille ou un bourdon. Les mâles sont généralement beaucoup plus petits que les femelles.

Les araignées des zones humides :

Certaines araignées apprécient les prairies et forêts humides. Les tétragnathes, par exemple, tissent souvent leurs toiles au bord, voire au dessus de l’eau. Elles se reconnaissent aisément avec leur abdomen étiré et leurs longues pattes avant. L’araignée elle même n’est pas toujours postée sur sa toile, mais sous une feuille à proximité, ses quatre pattes avant rassemblées. Le mâle dispose d’appendices sur ses chélicères (pièces buccales, particulièrement imposantes chez les tétragnathes), lui permettant de bloquer ceux de la femelle lors de l’accouplement.

D’autres peuvent “marcher” sur l’eau grâce à leurs poils hydrofuges. C’est le cas de certaines pardoses (brunes ou noires et poilues, longues pattes arrières).

Les araignées des murs et des maisons :

Plusieurs espèces d’araignées, au grand désarroi de certains, se sont adaptées aux environnements chauds et stables de nos habitations, tant est si bien qu’elles seraient incapables de vivre au dehors. D’autres y font des apparitions plus occasionnelles, ou s’abritent dans les anfractuosités entre les vieilles pierres.

La ségestrie florentine (en haut à gauche) est une grosse (une vingtaine de mm) araignée noir aux crochets verts iridescents. Nous sommes en présence d’une espèce nocturne et troglodyte, qui établit sa “toile – tunnel” dans une fissure entre les pierres, donc plutôt difficile à observer. L’individu photographié a été surpris lors d’une nuit d’été, à l’intérieur du lavoir. Contrairement à ce qu’affirment certaines rumeurs, le venin est tout juste assez puissant pour provoquer une petite inflammation.

L’araignée cracheuse (Scytodes thoracica, en haut au milieu) est une petite espèce typique de nos maisons, nocturne stricte qui se démarque par son mode de chasse. Incapable de tisser une toile, elle est également assez maladroite voire apathique dans ses mouvements, ce qui l’empêche de miser sur la vitesse. Elle s’approche doucement de ses proies pour projeter sur elles de la soie collante à une vitesse impressionnante, ce qui lui permet de les mordre dans qu’elles ne se débattent.

Les pholques (en haut à droite) sont nos araignées de maison les plus visibles et connues, avec leurs pattes disproportionnellement grandes et leur corps gros comme une tête d’épingle (plus allongé chez les mâles, voir photo). La toile, située dans un angle ou coin de mur, souvent en hauteur, parfois juste au dessus du sol, est particulièrement discrète et difforme. Plusieurs individus peuvent cohabiter sur une petite surface, mais ils n’ont pas la même placidité avec les autres araignées : cette espèce est connue pour régulièrement capturer et dévorer d’autres araignées de maison, dont les imposantes tégénaires. Fait rare, les femelles conservent leurs oeufs dans leurs chélicères (crochets) jusqu’à l’éclosion.

Il existe plusieurs espèces du genre Scotophaeus (les 3 photos au milieu) qui parcourent nos salons le soir et la nuit. Ces araignées assez massives se reconnaissent entres autres à leurs pattes épaissies et leurs filières apparentes, mais d’autres critères existent (disposition et taille des yeux). Ces araignées nocturnes chassent sans toile, misant sur la vitesse et l’effet de surprise. On les trouve également dans les murets et tas de pierres.

Le genre Metellina (en bas à gauche) fait partie de cette même famille des Tétragnathidés évoquée plus haut, avec laquelle il partage ces deux premières paires de pattes très allongées. Localement assez rares, ces araignées, contrairement à leurs proches cousines vues dans les araignées des zones humides, sont plutôt troglodytes : on les retrouve ainsi dans les maisons humides et les grottes.

Zoropsis spinimana (en bas à droite) est une nouvelle venue de taille moyenne (autour de 15 mm), arrivée sur nos territoires à la faveur du réchauffement climatique. Chasseresse d’extérieur (elle n’utilise pas de toile), elle se réfugie dans nos habitations lors le temps se refroidit. Le dessin sombre de son thorax évoquerait le visage de Nosferatu. Son venin est réputé assez puissant, mais il s’agit là d’une rumeur difficile à vérifier.

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